mercredi 26 novembre 2014

L'avent, le sens d'une attente, F. Boëdec, sj.

L'Avent : le sens d'une attente


Chaque année à la même époque, quand arrive le temps de l’Avent, j’éprouve toujours avec le même étonnement une joie intérieure. Ce n’est pas l’ambiance de Noël avec ses guirlandes et ses lumières, si nombreuses autour de St Ignace, ni même la perspective des fêtes, qui me touchent. C’est que l’incroyable se répète : Voici Dieu qui vient à nous ! La vie spirituelle me semble d’un coup plus simple : ce n’est plus l’heure de me présenter devant lui à la force des poignets, je n’ai rien à faire qu’à le laisser s’approcher. Si Dieu vient et revient, c’est donc que la nuit ne tiendra plus longtemps devant la lumière, que la terre mûrit déjà en ses entrailles les récoltes insoupçonnées de demain, et que nous n’avons pas tort de croire en nos patients labeurs et aux fidélités du quotidien.

Pourtant, avouons-le, s’il n’y avait la liturgie pour nous le rappeler, le temps de l’Avent comme celui du Carême se déroulerait sans doute souvent sans qu’on y prenne garde. On se retrouve à Noël ou à Pâques sans avoir vu le temps passer, entraînés par le rythme du travail, les soucis de santé, les questions des enfants, les projets et sollicitations multiples…

Dans tout cela, il y a ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Il y a ce qui occupe nos esprits, nos boites mails, nos répondeurs, et ce qui aurait besoin de temps et d’espace pour mûrir et se dire. Il y a ce que nous nous employons à prévoir, programmer et décider, avec la fébrilité et l’impatience quand les choses ne vont pas assez vite, quand les réponses tardent à venir. Et nous avons tous, quel que soit l’âge, d’excellents stratagèmes pour remplir notre espace intérieur de paroles et de bruits, notre esprit de toutes sortes d’urgences et de tâches à remplir.

Ce temps de l’Avent vient dire à nos vies qu’il faut consentir à l’attente, à la distance pour que quelque chose de juste et de vraiment nouveau survienne dans nos existences. En somme, il nous faut des « avents » dans le rythme des jours pour que le plus important puisse émerger. Il ne s’agit pas de se dérober au réel qui nous attend avec ses vraies urgences, et ne supporte pas les fuites même habillées de vernis spirituel. Il s’agit de vivre le réel pour que celui-ci soit le lieu d’une arrivée, d’une venue ; pour que dans la juste distance que l’on met avec toutes choses, nous puissions laisser de l’espace à Celui qui fait « toutes choses nouvelles » (Apocalypse, 21,5).

D’ici Noël, essayons de contempler nos vies différemment. Pour laisser monter ce qui nous habite au plus profond, aspire à se dire et appelle à autre chose. Mais aussi pour nous mettre en attente, paisible et confiante, de cet essentiel qui ne nous appartient pas, qu’on ne maîtrise pas, mais dont on sait pourtant avoir tant besoin. Voici qu’il vient Celui qui peut combler nos attentes.

« Me voici pour faire du nouveau, il bourgeonne déjà. Ne le voyez-vous pas ? » Isaïe 43, 19

P. François Boëdec, sj.

Aucun commentaire: