mercredi 20 juin 2012

Lia et Rachel, Marthe et Marie, Pierre et Jean ( 1 / 4 )

SAINT AUGUSTIN ET LA BIBLE, Anne-Marie La Bonnardière, Éd. Beauchesne, 1986, 411 – 425, Extraits

 Les deux vies 




Marthe et Marie ont choisi, l’une de servir le Verbe fait chair, l’autre d’écouter le Verbe auprès de Dieu, Sermo 104, 3. « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu », Jn 1, 1.  Voici Celui que Marie écoutait. « Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous », Jn 1, 14. Voici Celui que Marthe servait.


Fixons les yeux, dès l’abord, sur cet axe christologique de la pensée augustinienne.

Trois portraits de l’Église actuelle : Lia, Marthe et Pierre. Le nom de Lia veut dire « celle qui travaille ou enfante ». Lia figure l’action humaine et mortelle, dans laquelle nous vivons de la foi. Lia est la première épouse de Jacob. Marthe recevant le Christ dans sa demeure signifie l’Église qui existe maintenant, recevant le Seigneur dans son cœur. Pierre était simplement un homme, mais quand il eut reçu le pouvoir des clefs, Mt 16, 19, il représentait l’Église universelle.

En regard de ces 3 portraits, 3 esquisses de l’Église à venir : Rachel, Marie et Jean. Le nom de Rachel veut dire « la vision du Principe ». C’est l’espoir de l’éternelle contemplation de Dieu, et c’est pourquoi on dit que Rachel était belle. Marie, assise aux pieds du Seigneur, attentive à sa Parole, figure le repos éternel. Jean figure la vie éternelle et bienheureuse.

Les deux vies personnifiées sont l’une et l’autre excellentes. Augustin remarque que « La vie d’iniquité était absente de cette maison : elle n’était ni avec Marthe ni avec Marie ; et si quelquefois elle y fut, le Seigneur en entrant la mit en fuite ». Nous sommes ici dans un climat de liberté par rapport à l’esclavage du péché. Chez Lia, Marthe et Pierre, comme chez Rachel, Marie et Jean, leur vie ne présente aucune nuance de culpabilité librement consentie. « En ces deux femmes, sont figurées deux vies : vie présente et vie future, vie de labeur et vie de repos, vie de souffrance et vie de bonheur, vie du temps et vie de l’éternité ».

La vie qui appartient à la nécessité est laborieuse, la vie qui appartient à la joie est délicieuse. Les deux épouses libres de Jacob, Lia et Rachel, nous annoncent deux vies dans le Corps du Christ : une vie temporelle de travail, une vie éternelle en laquelle nous contemplerons la joie de Dieu ».
Saint Augustin oppose ces 2 vies beaucoup plus sur le plan ecclésial, communautaire, que sur le plan individuel. Il s’agit bien de la vie menée ici-bas par le Corps ecclésial du Christ et de celle qui l’attend dans le siècle futur, plutôt que de la condition personnelle de chacun. La Parole de Jésus à Pierre : Toi, suis-moi, s’adressera à tous les fidèles, car Pierre représente toute l’Église.

Aucun commentaire: