lundi 5 mai 2008

Saint Augustin, le Maître intérieur

Le Maître intérieur "L'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous et vous n'avez pas besoin que quelqu'un vous enseigne, car son onction vous enseigne tout ", I Jean, II, 27. Le mystère de l'onction, c'est la vertu invisible, l'onction invisible, l'Esprit-Saint. [...] Que faisons-nous donc, frères, quand nous vous enseignons ? Si son onction vous enseigne toutes choses, alors nous travaillons pour rien ? Et pourquoi tant crier ? Il n'y a qu'à vous abandonner à son onction, et cette onction vous enseignera. [...] Voyez donc ce grand mystère, frères : le son de nos paroles frappe vos oreilles, le Maître est à l'intérieur. Ne pensez pas que l'on puisse apprendre quelque chose d'un homme. Nous pouvons attirer votre attention par le tapage de notre voix ; s'il n'y a pas au-dedans quelqu'un pour vous enseigner, ce tapage est inutile. Voulez-vous savoir, frères ? Est-ce que vous n'entendez pas tous ce sermon ? Et pourtant combien sortiront d'ici encore ignorants ? Autant qu'il est en moi, j'ai parlé à tous ; mais ceux à qui cette onction ne parle pas au dedans, ceux que l'Esprit-Saint n'enseigne pas au dedans, s'en retourneront ignorants. Les enseignements du maître à l'extérieur sont comme des auxiliaires, des avertissements. Mais celui qui enseigne les cœurs a sa chaire dans le ciel [...]. Qu'il vous parle lui-même au-dedans, quand personne n'est là ; car même si quelqu'un est à côté de toi, il n'y a personne dans ton cœur. Et qu'il n'y ait pas personne dans ton cœur, que le Christ soit en ton cœur, que son onction soit dans ton cœur, pour que tu n'aies pas dans ce désert le cœur assoiffé, sans avoir les sources qui puissent l'arroser.C'est le Maître intérieur qui enseigne, le Christ qui enseigne, son inspiration qui enseigne. Où ne sont pas son inspiration et son onction, inutile est le tapage des mots au dehors. Les mots que nous prononçons au dehors, frères, sont comme le jardinier devant l'arbre ; il travaille au dehors, il apporte de l'eau et tout le soin de son travail ; mais tout ce qu'il apporte ainsi du dehors, est-ce cela qui forme les fruits ? qui revêt de feuilles ombreuses la nudité du bois ? Est-ce qu'il fait à l'intérieur quelque chose de tel ? Mais qui agit ainsi ? Ecoutez le jardinier, l'Apôtre, et voyez ce que nous sommes, et écoutez le Maître intérieur : " J'ai planté, Apollos a arrosé ; mais Dieu a donné la croissance ; ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui donne la croissance". Voilà donc ce que nous vous disons ; que par notre parole nous plantions ou nous arrosions, nous ne sommes riens, mais c'est Dieu qui donne la croissance, c'est-à-dire c'est son onction qui vous enseigne toutes choses.

Extrait du Commentaire sur la I° Epître de saint Jean, tr. IV, ch. II, P.L. t. XXXV, trad. R.P. Camelot, in La Vie spirituelle, octobre 1946.Cf : http://spiritualite-chretienne.com

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